En classe de 1re, la spécialité SVT se penche sur la thématique "Variation génétique bactérienne et résistance aux antibiotiques". Un lien explicite doit être fait entre l'évolution de cette résistance sous la contrainte exercée par les antibiotiques et le phénomène de sélection naturelle.
Ici, nous présentons un modèle permettant d'étudier ce lien.
Ce modèle peut également être utilisé dans d'autres contextes pour illustrer l'importance de la sélection naturelle et ses conséquences en termes de santé publique.
Les effets des antibiotiques sur une bactérie sont très variables d'une molécule à l'autre et ne sont pas étudiés dans les programmes de lycée. Mais dans tous les cas, l'effet sur la population amène a minima à un blocage de sa croissance voire à une diminution de la population. On peut donc définir un certain nombre de paramètres utiles :
Dans l'idéal, la dose d'antibiotique à apporter à l'organisme doit permettre une concentration supérieure au CMB. Cependant, en raison de la toxicité des molécules, ceci n'est pas toujours atteignable. On cherche alors à dépasser la Concentration de Prévention des Mutations.
La valeur de CMI, CMB et CPM dépendent à la fois de l'antibiotique et la souche bactérienne à laquelle on est confronté.
Image : Pascal Combemorel CC-BY
La dynamique des interactions organisme/antibiotique/bactéries est complexe, mais on peut dégager deux grands types de dynamique :
Dans les deux cas, la première dose est généralement plus importante. On parle de dose de charge.
Dans le modèle numérique, on introduit 3 agents :
Lancer le modèle tel quel aboutit à une diminution rapide de la population de bactéries sensibles. Au bout de quelques temps, la population de bactéries résistantes devient dominante et les deux souches cohabitent. On voit que cette dose est inadaptée : elle provoque le développement d'une résistance (la dose est inférieure au CPM).
Les élèves peuvent dans un premier temps modifier le nombre des différents agents :
Pour aller plus loin, il convient de modifier les paramètres du modèle ce qui permet de mieux comprendre les différentes dynamiques des antibiotiques.
On constate alors que :
Pour simuler l'ajout d'une dose, il faut mettre le modèle sur pause puis sélectionner l'antibiotique et "introduire cet agent". Une dose sera définie par l'introduction d'un nombre d'agents déterminé.
Pour simuler une perfusion, on supprime la dégradation de l'antibiotique au cours du temps. Pour cela, il faut régler la durée de vie des AB à 0 (comme l'indique le logiciel, cela indique une demi-vie infinie).
Quelques résultats de simulation
Dans le 2e scénario (une dose de charge + des doses complémentaires régulières), on peut également montrer le risque d'une interruption du traitement.
Après une présentation et une prise en main du logiciel Édu’modèle somme toute rapide (surtout si ce n’est pas leur première utilisation) les élèves comprennent le codage mis en place ; cela doit beaucoup à la simplicité de l’interface (je définis mes objets ; je crée des interactions entre eux).
Il est bien sûr possible de laisser coder le modèle sur la base de la simplification et du paramétrage réfléchis et discuté auparavant et / ou de les faire coder simplement certains aspects (création et division bactérienne, résistance nécessitant un multicontact avec l’antibiotique pour tuer des bactéries à CMI fort).
Ils investissent très volontairement la problématique car ici elle amène à la recherche de la ou des bonnes posologies antibiotiques (émulation). Point n’est besoin de leur indiquer de démarche, ils testent rapidement de multiples scenarios en dynamique (en faisant pause) ou en changeant les paramètres initiaux.
Les élèves restent étonnés par la puissance de la modélisation qui, bien qu’imparfaite, rend compte de dynamiques complexes insoupçonnables et variables ! Ils perçoivent bien le caractère non écrit à l’avance du modèle ici traduit en simulation et, sur le fonds, la caractérisation de la sélection rapide des variants résistants et bien sûr l’utilité de ne pas employer d’antibiotique ou de le faire selon des protocoles très précis à respecter, pour soi, et pour les autres !
Le modèle est largement simpliste et ne tient pas compte de très nombreux paramètres : Compartimentation de l’organisme ; variations inter-individuelles de la métabolisation des antibiotiques ; nombre de facteurs intervenant supérieur à ceux envisagés...
Mais ce qui reste intéressant c’est que, même simplifié ici, le modèle montre des évolutions bactéries / AB différentes mais concordantes et source d’explicitation du message de santé publique.