Proposition de scénario pédagogique
Le document d'appel pourra, tout simplement, être une adaptation de la carte de répartition des phénotypes de la phalène du bouleau en 1850 telle que proposée par Kettlewell dans son article sur la répartition des phalènes du bouleau (1958).

Carte : Y. Thomas d'après les données de Kettlewell (1958)
Le problème émerge alors tout naturellement : "Comment expliquer la répartition des couleurs de phalène du bouleau ?"
L'hypothèse d'une influence de l'industrialisation dans la fréquence élevée des phalènes du bouleau noire est alors généralement posée.
Dans les régions industrielles, les branches et les troncs des bouleaux sont noirs en raison de la pollution qui détruit les lichens qui leur donnaient une couleur blanche.
Des photos de phalène du bouleau posée sur des troncs de bouleau peuvent être proposée pour affiner la réflexion : les phalènes claires sont mieux camouflés sur les troncs blancs, à l'inverse les phalènes sombres sont peu visibles sur les troncs noirs, ceci laisse supposer une différence de survie face aux prédateurs.
Le modèle va permettre de tester l'hypothèse qu'une différence de survie peut aboutir à la répartition observée.

Le peuplement du modèle à t=0 : en noir les (C//C) en rouge les (C//T) et en gris les (T//T)
Pour cela :
- On peut faire tourner le modèle, tel quel, à plusieurs reprises pour illustrer la dérive génétique (On obtient au bout de 500 pas de temps des fréquences différentes à chaque itération en raison des hasards de la reproduction). On peut alors faire varier la taille de la population pour constater que la dérive génétique est plus importante dans les petites populations.
- On fait modifier aux élèves la survie des phalènes pour simuler un milieu pollué (survie augmentée à 120 pour les phalènes sombres et diminuée à 60 pour les phalènes claires). On constate alors une augmentation rapide de la fréquence des phalènes sombres.
- On procède de même pour un milieu non-pollué (survie augmentée à 120 pour les phalènes claires et diminuée à 60 pour les phalènes sombres). On constate alors une augmentation rapide de la fréquence des phalènes claires.

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Résultats de la simulation à t=400 en environnement pollué
| Résultats de la simulation à t=400 en environnement non-pollué |
Enfin, un retour à la situation réelle s'impose.
Pour valider les conclusions du modèle (qui est simpliste), on peut se baser sur les expériences de Kettlewell de capture/marquage/recapture montrant un réel différentiel de prédation entre les phalènes blanches et noires.

Cela peut être complété par une étude de l'évolution de la fréquence des phalènes au cours du temps lors des campagnes de dépollution commencées dans les années 1950 au Royaume-Uni.

Graphique Vincent Giuli d'après les données de Vant't Hof et al. 2016
Licence : Creative Commons - Attribution - Pas d'utilisation commerciale
Remarques finales et critique du modèle
On remarque au passage que si les fréquences évoluent bien comme le devraient (augmentation des formes avantagées et diminution des formes désavantagées), on constate néanmoins une forte croissance de toutes les formes. On ne peux ainsi pas aboutir à une disparition des formes défavorables.
Les limites du modèles peuvent être discutées pour expliquer ce phénomène. Entre autre paramètre on peut évoquer :
- Une pression de sélection trop faible (= survie des formes défavorables trop longue)
- L'absence de stade oeuf et larve qui regroupent l'essentiel de la mortalité chez les papillons.
Même si elle n'est pas différenciée entre les formes étudiées ici. - Un nombre de descendants non réaliste et l'absence du hasard de la méiose et de la fécondation (on n'a ici que le hasard de la rencontre des partenaires).