Éducation aux médias

et à l'information

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Je partage ou pas ? Comment débusquer les fake news sur Internet ?

Suite à une initiative de Monsieur Eric Maillot, IA-IPR d'anglais et porteur académique du dossier EMI, six établissements de l’île ont pu faire bénéficier à leurs élèves d’une intervention de six heures par Loïc Chaux, journaliste indépendant, directeur de publication du journal satirique en ligne letangue.re.

Le Thème de l’intervention retenu était: La formation à l'esprit critique face aux flux d'informations issus d’Internet.

Les utilisateurs d’Internet, et donc des réseaux sociaux, se retrouvent "bombardés" d'informations dont la qualité laisse parfois à désirer.

Par le biais des partages, fausses nouvelles et rumeurs sont ainsi propagées, parfois à très grande échelle. Il s'agit donc, non pas de "diaboliser" Internet ou même ces fausses informations, mais de définir des outils afin de pouvoir les repérer et d'en limiter le partage. Cela nécessite avant tout un esprit critique aiguisé.

Pendant trois séances, les élèves ont pu réfléchir aux questions suivantes:

  • Comment repérer une "fausse information" ?

  • Face à une information qui paraît extraordinaire, quels doivent être mes réflexes avant de décider de partager un article ou non ?

  • Quels sont les signes permettant d'enclencher des signaux d'alarme ? (fautes d'orthographe, affirmations non sourcées, aspect “extraordinaire” de l’information, champ lexical inquiétant, fiabilité du média auteur, etc.) ?

  • Quelles sont les différentes étapes pour vérifier une information ?

  • Qu’est-ce qu’une source ?

  • Comment vérifier des sources (personnes interrogées dans les articles, documents produits, événements relatés, etc.) ?

  • Comment vérifier et recouper des informations?

  • Quels outils peut-on utiliser pour vérifier l’authenticité d’une illustration ?

  • En quoi le contexte, le point de vue, le cadrage ou le trucage d’une image peuvent-ils tromper le lecteur ?

  • La photo est-elle retouchée ou a-t-elle été utilisée ailleurs dans un autre contexte (Tineye, JPEGsnoop, Fotorensics, Forensically, Google Images…) ?

Une page Facebook “Education aux médias 974” a été créée par M Chaux pour l’occasion. Cette page réunissait des informations extraordinaires vraies ou fausses, que les élèves ont appris à analyser, évaluer, avant de décider de la partager avec leurs amis ou pas.

Témoignage de Loïc Chaux, directeur de publication du site letangue.re

Le but de cette série de cours était en priorité de donner aux élèves une sorte de “trousse de secours”, avec des “produits” de première nécessité.

Il s’agissait donc d’acquérir des automatismes dès lors qu’ils se trouvaient confrontés à un partage sur un réseau social, à une vidéo sur Youtube, voire à une visite impromptue sur un site inconnu.

Il m’a paru d’abord fondamental de préciser qu’Internet est un outil formidable de connaissance ; mais que, comme tous les outils, il faut savoir s’en servir, sous peine de se blesser - dans le cas qui nous concerne, d’acquérir et de propager de fausses informations.

Finalement, l’éducation à l’esprit critique est utile face à Internet, mais elle l’est aussi dans la vie de tous les jours, dans les discussions en famille ou en groupe, de manière générale.

J’ai travaillé en proposant aux élèves de se munir de signaux d’alarme dès qu’une publication se présente face à eux. Plus les signaux sont nombreux, plus la probabilité de faire face à une fausse information est grande. Moins, alors, il faut la diffuser.

Il me semble que chez les plus jeunes - les collégiens - la perception d’un éventuel “danger” d’Internet paraissait une notion floue. Le concept de “fake news” était, certes, connu et compris, mais ne semblait pas représenter un problème à leurs yeux.

En revanche, les lycéens, peut-être plus au fait de l’actualité ou, en tous cas, sur les réseaux sociaux depuis plus longtemps, ont eu l’air de comprendre l’intérêt d’aiguiser son esprit critique.

J’ai souvent insisté, et cela me semble primordial, sur l’intérêt de vérifier les informations sur Internet, et sur les conclusions à en tirer. Pour exemple, lors du dernier cours, nous avons vérifié deux affirmations isolées tendant à prouver que les attentats du 11 septembre étaient un complot. Nous avons vérifié ces affirmations, et prouvé qu’elles étaient fausses ; j’ai cependant insisté sur le fait que ce n’est pas parce que ces deux affirmations sont fausses que le 11 septembre n’est pas un complot. Ce que je voulais expliquer, par cette méthode, c’est qu’il est inutile d’aller contrer frontalement d’éventuelles croyances - ce qui s’avère peu productif, avec l’expérience - mais simplement d’y aller pas à pas, d’analyser argument par argument et de conclure, à chaque fois ainsi : “Je ne dis pas que le 11 septembre n’est pas un complot. Cependant, les preuves que tu m’apportes ne sont pas solides, alors que celles allant dans le sens de la thèse officielle, pour l’instant, le sont. Ainsi, jusqu’à preuve du contraire, le 11 septembre est bien un attentat islamiste.” C’est cette même méthode que nous avons utilisée pour parler des extra-terrestres, des voyages dans le temps ou des squelettes de géants de 5 mètres retrouvés dans le désert australien…

J’ai aussi insisté, lors de la deuxième séance - il me semble celle qui a le plus intéressé les élèves - sur les images, et le fait qu’elles ne peuvent pas être une preuve. Nous avons travaillé sur leur mise en contexte, sur leurs recadrages, leur retouches, etc.

Pour conclure, il me semble que le format en trois fois deux heures était le bon, avec une pause en milieu de séance. Le cours, en lui-même, subira certainement des modifications, et je pense qu’il serait intéressant de plus se rapprocher de l’actualité, tout en utilisant des outils plus souvent fréquentés par les élèves - les vidéos sur Youtube, notamment.

Mais je reste convaincu, pour terminer, de l’importance de ces cours.


Témoignage de Yasmina Anamoutou, professeur de lettres au Collège Terrain Fleury

"Les interventions de Loïc Chaux ont eu un réel impact sur les élèves et ont répondu à un objectif clair : proposer une méthodologie efficace pour vérifier une information.

Les documents proposés à l’observation ont été sélectionnés avec pertinence et les outils d’analyse présentés étaient simples et efficaces.

Ces séances ont permis aux élèves de prendre conscience de l’ampleur du phénomène de la désinformation et de développer des réflexes leur permettant d’adopter un recul critique.

Ce travail d’observation et de réflexion semble crucial à l’heure où les réseaux sociaux occupent une place prépondérante dans les interactions."

L'intervention de M Chaux au Lycée Le Verger à Sainte-Marie